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Au Nom d'Allah Le Miséricordieux Le Très Miséricordieux
L'avènement au pouvoir des 'Abbâsides. (en 750) coïncide avec la première scission au sein de l'unité politique du pays musulman. L'empire se divisa en deux, d'abord, et, par la suite, en un nombre sans cesse croissant de principautés autonomes. C'est à Cordoue (Espagne) que naquit un califat rival, qui, jusqu'à sa chute, en 1492, ne retrouva jamais son unité avec l'Est, où Bagdad remplaça Damas comme métropole califale.
L'histoire 'abbâsside n'a pas connu de grandes conquêtes militaires, si l'on excepte les initiatives de chefs régionaux, qui reconnaissaient le calife de Bagdad comme leur souverain, sans pourtant dépendre de lui en quoi que ce soit, en matière de politique étrangère ou d'administration intérieure. Laissons de côté l'histoire du continent indien, dont nous parlerons sous une rubrique séparée. Les rapports avec Byzance furent de plus en plus sanglants, et l'empire grec dut définitivement quitter l'Asie Mineure, pour se contenter pendant quelque temps encore de ses possessions en Europe.
Les 'Abbasides avaient inauguré la politique consistant à remplacer les armées populaires de volontaires par des armées permanentes de professionnel, qu'ils recrutèrent de plus en plus parmi les soldats d'origine turque; ils donnèrent ainsi naissance à un féodalisme qui, plus tard, aboutit à l'établissement de « provinces » indépendantes, où l'on vit des « dynasties » de gouverneurs. Environ un siècle après leur avènement au pouvoir, les califes 'abbâsides se mirent à déléguer, voire même à perdre, purement et simplement, leurs prérogatives souveraines en faveur de gouvernements « centrifuges », et peu à peu leur souveraineté effective se limita à l'intérieur de leur palais, le reste étant contrôlé par les émirs, dont le plus puissant occupait la métropole. Nous trouvons dans cette évolution du pouvoir califal un étrange contraste avec l'évolution suivie par la papauté. Le pape, parti sans aucun pouvoir politique, en a acquis un qu'il a vu croître, graduellement, jusqu'à la création du Saint Empire Romain, où il est devenu plus puissant même que l'Empereur, pour, de nouveau, le perdre graduellement... Les califes au contraire commencèrent comme souverains tout-puissants, puis partagèrent le pouvoir avec le sultan et finirent par devenir des chefs nominaux, sans aucune influence à exercer.
C'est également sous les 'Abbâsides que leur gouverneur de Tunis fut invité à intervenir dans les guerres civiles de Sicile : il occupa non seulement cette île, mais une grande partie de l'Italie, arrivant jusqu'aux murs de Rome, s'implantant dans le Sud de la France et dans une partie considérable de la Suisse. Il s'agit des Aghlabides qui furent remplacés, par la force évidemment, par les Fâtimides. Ceux-ci, de la secte chî'ite se transférèrent par la suite au Caire, et là ils établirent un califat rival. En général, souverains éclairés, l'un de ces Fâtimides profana, dans un moment de folie, les lieux saints de la Chrétienté à Jérusalem. Ce geste produisit une telle réaction en Europe que les papes eux-mêmes prêchèrent la guerre sainte contre l'Islâm et la série des croisades s'ensuivit, qui ensanglanta l'Orient et l'Occident pendant deux siècles. Lors de la première croisade, les Fâtimides avaient déjà quitté la Palestine, et ce sont des Innocents qui devinrent les victimes de, la fureur des envahisseurs; bien plus. Il arriva même aux Fâtimides de s'allier aux croisés contre les pays du Levant. Les Kurdes et les Turcs remplacèrent de plus en plus les Arabes dans la lutte contre l'Occident. Saladin (Salâh al-dîn), héros musulman lors de la deuxième croisade, non seulement expulsa les Européens de la Syrie-Palestine, mais balaya également les Fâtimides de l'Egypte. Saladin et ses successeurs reconnaissaient le califat de Bagdad, mais celui-ci ne réussit jamais à récupérer ses pouvoirs politiques, qui furent toujours partagés par une poussière d'Etats, dont certains étendirent même les frontières de la terre d'Islâm.
En 921, le roi de « Bulgâr » (région de Kazan sur le fleuve Volga, en Russie), sollicita de Bagdad un missionnaire musulman. Ibn Fadlân s'y rendit. D'après le récit, hautement intéressant, que nous avons de son voyage, il apparaît que le roi embrassa l'Islâm, et créa, pour ainsi dire, un îlot islamique dans cette région par ailleurs non-musulmane. L'Islamisation de la Caucasie et des régions avoisinantes se poursuit lentement.
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