[Ëîãîòèï ñàéòà - "Èñëàì äëÿ âñåõ"]

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Au Nom d'Allah Le Miséricordieux Le Très Miséricordieux

ANDALOUSIE, province méridionale actuelle de 'Espagne, profondément marquée par les souvenirs qu’y laissa une domination islamique de plus de sept siècles.

Le nom que porte aujourd'hui l'ancienne Bétique est dérivé du nom arabe de l'Andalus qui avait fini par s'appliquer au seul territoire du royaume des Nasrides, demeuré musulman jusqu'à la chute de Grenade en 1492. Auparavant cette région naturelle a plus proche du Maghreb, qui avait été la première envahie dès 711 par Tarifa et par Gibraltar, avait abrité les plus importants foyers d'islamisation, notamment ceux de Cordoue et Séville, en même temps que d'autres localités actives, places-Fortes terrestres comme Jaén, ports également fortifiés comme Huelva, Algésiras, Mâlaga ou Almeria, y jouaient leur rôle, au fil des temps, dans la défense de l'Andalus.

ANDALUS, de l'arabe Jazîrat al-Andalus désignant la péninsule Ibérique, terme plus spécialement appliqué aux territoires de l'Espagne ou du Portugal qui au Moyen Age faisaient partie du monde de l'Islâm. Le premier débarquement des troupes arabo-berbères à l'époque des grandes conquêtes avait marqué pour ces régions le début d'une histoire longue et mouvementée. A l'épanouissement, dès la fin du 8ème siècle, d'un émirat puis califat local, celui des Omeyyades d'Occident ou de Cordoue également appelés Marwanides, succédèrent les étapes et les aléas divers d'une reconquête chrétienne accompagnant, au 11ème siècle, la dislocation du pays en principautés musulmanes rivales dites des Taifas, puis continuant après l'annexion de ces pouvoirs locaux par les grands empires hispano-maghrébins des Almoravides et des Almohades. Ne lui résistèrent plus ensuite que les derniers royaumes du Sud, dont celui des Nasrides de Grenade.

Le terme Andalus dont le sens reste obscur n'est pas à rapprocher du nom Vandales, comme on l'a pensé longtemps, mais ferait plutôt allusion aux « terres loties » qui existaient avant l'arrivée des conquérants. Il est à l'origine de l'appellation moderne Andalousie conservée à la région naturelle la plus proche du Maghreb, qui avait abrité les grands foyers d'islamisation de Cordoue et Séville avant de rester musulmane, autour de Grenade, jusqu'aux dernières années du 15 siècle et même d'une certaine façon jusqu'au départ définitif des morisques en 1610. Mais l'Andalus comptait aussi, aux premiers siècles de l'Islam plusieurs autres provinces, parmi lesquelles :
— la marche centrale, très tôt disputée militairement et devenue la Nouvelle-Castille à la suite de la reprise chrétienne de Tolède dès 1085 ;
— la marche de l'Ouest, allant de Coimbra à Séville autour de Mérida puis de Badajoz, que désignait le vocable de Gharb al-Andalus ou Occident de l'Andalus, conservé ensuite dans le terme Algarve ;
— la marche de l'Est enfin où un non moins vaste ensemble, allant de Saragosse à Valence et Murcie, portait le nom de Sharq al-Andalus ou Orient de l'Andalus dont le sens se retrouve aujourd'hui sous l'appellation, moderne et beaucoup plus restreinte, de Levante. C'est à cette dernière région que se rattachaient les îles des Baléares.

De l'Andalus, de son histoire et de sa civilisation, la recherche occidentale islamisante a toujours eu tendance à souligner l'importance et à détailler à plaisir les divers aspects : tant il était naturel de privilégier l'étude du pays par lequel l'Europe et le monde musulman étaient, au Moyen Age, entrés le plus directement et le plus largement en contact, au cours d'affrontements guerriers mais aussi à travers des échanges de pensée qui se produisirent, en grande partie, à l'époque même où l'Islâm ne cessait de reculer devant les attaques venues du Nord. Des forces de permanence ou de rémanence entraînèrent les Etats chrétiens qui occupèrent plus tard ce territoire à conserver certains enseignements, remontant parfois à l'Antiquité et plus ou moins bien assimilés à travers des textes traduits du grec ou du syriaque en arabe, que l'on identifie généralement à l'héritage de l'Islâm ibérique. En même temps se maintenaient, sur le sol même du pays, des vestiges architecturaux, tels en particulier les monuments musulmans de Cordoue, Séville ou Grenade et ceux de Fart mudejar et plus tard contribuer à initier le 19ème siècle occidental à la connaissance de l'art islamique.

L'originalité de cette situation ne fit d'ailleurs que perpétuer une autre originalité qui avait quelque peu séparé l'Andalus médiévale des régions musulmanes voisines ou plus lointaines, celle d'une contrée romane qui avait partiellement maintenu sa langue, son esprit et ses habitudes derrière une arabisation et une islamisation rendues souvent difficile par la résistance populaire. Certes, la symbiose partielle finalement obtenue entre éléments allogènes et autochtones ne se différenciait point, dans son principe, de celles qu'expérimentèrent, à la même époque et plus tard encore au sein du monde musulman, d'autres provinces excentriques et régions frontalières : là aussi l'Islâm conquérant sut se nourrir de substrats variés et l'ampleur des influences réciproques, encore accentuées sur les franges asiaques par de nouveaux phénomènes d'invasion dépassa celle dont on peut trouver témoignage dans e domaine lusitano-hispanique.


Les dynasties d'Espagne

AL-ANDALUS

ou

djazîrat al-andalus,

 

C’est le terme géographique par lequel on a désigné dans le monde de l'Islam jusqu'à la fin du moyen âge la Péninsule ibérique, c'est-à-dire l'Espagne et le Portugal actuels.

 

I.              Valeur toponymique du terme al-Andalus.

II.            Aperçu géographique.

III.           Esquisse de géographie historique.

IV.           Population d'al-Andalus.

V.            Mise en valeur.

VI.           Vue générale de l'histoire d'al-Andalus. Appendice:   les   Andalous  en Afrique   du Nord.

VII.         L'Islam andalou.

VIII.        Littérature et culture andalouses.

IX.           L'art andalou.

X.            L'arabe hispanique.

 

 

I. — valeur toponymique du terme al-andalus.

 

Le nom al-Andalus, qu'on a tenté, sans arguments convaincants, de mettre en rapport avec celui des Vandales (al-Andalîsh), qui auraient dénommé la  Bétique   Vandalicia,   quand  ils  traversèrent  la Péninsule   ibérique   avant   d'envahir  l'Afrique   du Nord, apparaît mentionné dès 98/716 sur un dinar bilingue, la légende latine donnant comme corres­pondant le terme Spania. C'est ce dernier terme, ou  son  doublet   Hispania,   qui  seront  les seuls employés par les chroniques latines hispaniques les plus anciennes pour désigner la Péninsule ibérique prise   dans   son   ensemble,   c'est-à-dire   les   deux Espagnes, la chrétienne et la musulmane. Au contraire, l'emploi du terme al-Andalus par les écrivains arabes apparaîtra toujours exclusivement limité à l’l'Espagne musulmane, quelle que soit son extension territoriale,  de plus en plus réduite au fur et à mesure des  progrès de la  Reconquête  chrétienne (nous emploierons toujours ici l'équivalent espagnol Reconquista).   Si bien  que  lorsqu'il ne  restera plus au pouvoir de l'Islam dans la Péninsule que la petite principauté nasride de Grenade, le terme al-Andalus servira à désigner le seul territoire de ce royaume exigu.   Par contre,  il  y  aura longtemps qu'auront apparu, chez les chroniqueurs musulmans, les noms, transcrits en arabe, d'Ishbâniya (Hispania, b Espana)   et des principautés chrétiennes issues des J progrès de la Reconquista : Liyûn (Léon), Kashtâlla ou Kashtîla (Castilla, Castille), Burtukâl (Portugal), Arâghûn (Aragon), Nabârra (Navarra, Navarre).

 

Du  nom   al-Andalus    on   trouve  parfois,   en I particulier  chez   Ibn   Kuzmân,  la  forme  al-Andulus — dérivent l'ethnique andalusî et la forme collective ahl al-Andalus. Ce terme s'est perpétué dans   l'usage   moderne   pour   désigner  l'ensemble géographique   formé   par   la  région  subméditerranéenne (zones littorales et haut pays) correspondant, ide  l'Est  vers l'Ouest, depuis la province actuelle d'Almeria  jusqu'à   celle   de Huelva, à une région naturelle qui est l'Andalousie (esp. Andalucia) et dont les habitants sont dénommés Andaluces (sing.andaluz).

 

 

II   APERCU   GEOGRAPHIQUE.

 

1.     Milieu physique

La Péninsule ibérique constitue, au Sud-ouest de l'Europe, un promontoire massif, de forme à peu près pentagonale, qui se soude au continent par la chaîne des Pyrénées et a les autres faces de son pourtour baignées par l'Atlantique et la Méditerranée. Elle est située entre 43° 27' 25" et 35° 59' 30" de latitude Nord et entre 9° 30' de longitude Ouest et 3° 19' de longitude Est (Greenwîch). Sa superficie totale est d'environ 583.500 kma, dont le Portugal actuel couvre à peine la cinquième partie (492.247 km2 pour l'Espagne actuelle).

 

La situation de la Péninsule, à l'extrémité occidentale du bassin de la Méditerranée, avec une large façade ouverte sur l'Atlantique, explique beaucoup de circonstances de son" histoire à travers les âges. Isolée par la barrière pyrénéenne du reste de l'Europe continentale, elle n'est par contre séparée de l'Afrique que par une faille étroite, le Détroit de Gibraltar, limité au N. et au S. par les têtes de pont de Tarifa et de Ceuta. Il en résulte un caractère d'insularité, qui a longtemps laissé le bloc ibérique en dehors des influences d'outre-Pyrénées, tandis qu'elle demeurait ouverte, dès la plus haute antiquité, aux influences de l'Orient, par la voie classique du cheminement méditerranéen.

 

La Péninsule hispanique est l'un des pays les plus accidentés d'Europe. Il comporte essentiellement, si l'on examine sa structure générale, un vaste plateau central qui n'occupe pas moins de la moitié de sa superficie, la Meseta, d'une altitude moyenne de 600 m., correspondant aux deux Castilles, la Vieille (Castilla la Vieja) et la Nouvelle (Castilla la Nueva) et l'Estremadure. La Meseta est limitée par de hauts escarpements montagneux, au Nord par la Chaîne cantabrique, au Nord-est et à l'Est par la chaîne des Monts ibériques, au Sud, par le relief étage de la Sierra Morena (Chaîne subbétique), à l'Ouest par les hautes terrasses de la Galice et du Portugal. Le plateau accuse en outre trois profondes dépressions latérales : celles de l'Ebre, du Guadalquivir et du Tage inférieur. Au Sud, le « système pénibétique » dresse une masse montagneuse qui a, soulevé la plus grande partie de la haute Andalousie, dans un enchevêtrement de chaînes (en esp. sierra, «scie»; en arabe al-shârrât), dont la plus élevée est la Sierra Nevada (point culminant : le Mulhacén, 3481 m.).

 

Il résulte de cette architecture orographique tourmentée que l'altitude moyenne du sol de la Péninsule n'est pas inférieure à 660 m. Si l'on ajoute que la proportion des terres basses, d'une altitude de moins de 500 m., n'est que de 40 %, on comprendra les difficultés auxquelles s'est toujours heurtée, sur la plus grande partie du pays, la mise en valeur d'un sol asséché la plupart du temps par le peu d'abondance des précipitations et le faible débit des cours d'eau.

 

2.     Climat

La Péninsule est un pays de climat sec et en général tempéré, en dépit d'oscillations extrêmes dans les régions de haute 3t moyenne altitude, qui échappent à l'influence modératrice de l'Atlantique ou de la Méditerranée. Les hivers y sont rigoureux, et les étés souvent torrides. Il faut faire exception pour les zones sublittorales, en particulier pour la dépression largement ouverte de l'Andalousie maritime.

 

En ce qui concerne les pluies, il faut distinguer entre l'Espagne sèche et l'Espagne humide. Cette dernière correspond, à partir de la pointe Ouest des Pyrénées, au pays basque, à la côte cantabrique et à presque tout le Portugal actuel. L'Espagne sèche, qui couvre près des deux tiers de la Péninsule, bénéficie de précipitations essentiellement variables, allant d'une moyenne annuelle de 600 millimètres de pluie à moins de 400. Dans de nombreux cas, les effets bienfaisants de la pluie sont neutralisés pas l’évaporation, dans la mesure où il n'est pas possible, comme dans le Levante (régions de Valence et de Murcie) de remédier à cet état de choses par l’irrigation des terres asséchées.

 

Le Nord et le Nord-ouest de la Péninsule et en général tout le littoral atlantique, jouissent, grâce à l’humidité et à la nébulosité qui leur sont propres, d'une température relativement clémente. De même, dans la zone méditerranéenne, depuis la Catalogne et le Levante jusqu'au littoral de l'Andalousie, les hivers sont tempérés, avec une forte insolation et une luminosité et une transparence de l'air très caractéristiques.

 

3.     Hydrographie

Son relief, son climat et la nature de son sol souvent imperméable expliquent la pauvreté de la Péninsule en eau et le débit irrégulier de ses cours d'eau, presque toujours à sec au moment de  la   canicule,   lorsque  l'évaporation   atteint  son maximum. Ces cours d'eau ont les mêmes caractéristiques que les oueds nord-africains : alternances de sécheresse quasi totale du lit ou de crues subites, qui les transforment en torrents, avec les phénomènes désastreux d'érosion et d'alluvionnement qui s'ensuivent.

 

Les fleuves qui courent en direction du Nord et de l'Ouest sont en général des fleuves côtiers assez courts, dont le principal est le Mino (port. Minho), qui sert de frontière septentrionale au Portugal et se jette dans l'Atlantique. C'est vers l'Océan que coulent également trois fleuves au débit fort irrégulier et qui drainent au passage les eaux de la Meseta, le Duero (port. Douro), le Tage (esp. Tajo, port. Tejo) et le Guadiana a, dont l'estuaire forme la limite méridionale entre l'Espagne et le Portugal. Le plus important fleuve de la Péninsule est le Guadalquivir qui, prenant sa source dans l'un des nœuds orographiques du Sud-est de la Meseta, s'enrichit d'un certain nombre d'affluents, dont le plus important est le Genil, qui vient de la Sierra Nevada et bénéficie en été des eaux provenant de la fonte des neiges de ce massif. Le Guadalquivir est le seul fleuve de la Péninsule dont le cours inférieur, sur ses 120 derniers kilomètres, soit navigable. A la côte levantine accèdent quelques oueds de régime torrentiel qui proviennent du rebord de la Meseta et peuvent fournir, au moyen de barrages, des réserves d'eau en général assez problématiques en vue de l'irrigation. Tels sont notamment le Segura et le Jucar, aujourd'hui utilisés pour la mise en valeur de la huertar de Valence.

 

L'Ebre, qui prend sa source près du pays basque, reçoit les eaux du versant Sud des Pyrénées (Aragon, Segre) et, après un cours difficile qui, à cause de la faiblesse des pentes, amaigrit peu à peu le volume de ses eaux vers l'aval, s'incline vers la Méditerranée, où le fleuve se jette après avoir traversé un important delta d'alluvions.

 

4.  Aptitudes   générales 

Le   sous-sol  de   la Péninsule   est   spécialement  riche  en   gisements métallifères : plomb, argent, fer, cuivre, manganèse, marbre.   Cette  richesse  s'étend  aux  sels  naturels, salpêtre, magnésie,   silicates. Quant à ses aptitudes végétales, elles varient du tout au tout suivant qu'il s'agit de l'Espagne sèche ou de l'Espagne humide. Dans la première, trois types de végétation, le plus souvent   associés   dans   la   zone   méditerranéenne, prédominent : le bois (arbres à feuillage persistant, diverses   variétés   de   pins   et   de   chênes-verts   ou chênes-lièges),   le   maquis   (esp.  monte bajo)  et la steppe (buissons bas, sparte). Dans l'Espagne humide, au contraire, le paysage demeure verdoyant toute l'année, grâce à la présence de forêts et de prairies spontanées.

Il résulte de cette polymorphie naturelle que l'Espagne est le pays le plus contrasté qui soit. C'est un lieu commun de constater qu'on y passe souvent presque sans transition de la vallée (vega) d'un cours d'eau à la végétation luxuriante, à la steppe brûlée par le soleil et par les vents.

 

 

III esquisse de géographie historique d’al-andalus.

 

1.     Descriptions d'al-Andalus

Les œuvres des géographes arabes, orientaux et occidentaux, qui nous ont été conservées forment la partie essentielle de notre information sur al-Andalus au moyen âge, sa mise en valeur et l'exploitation de ses ressources naturelles. Ce sont d'abord les routiers (masâlik) publiés par De Goeje dans la BGA, qui n'accordent du reste à l'Espagne qu'une place fort restreinte : les plus anciens, ceux d'Ibn Khurradâdhbih, d'al-Yackûbî, d'Ibn al-Faqîh et d'Ibn Rusta permettent, à cause de la brièveté de leurs descriptions, de présumer que jusqu'au IVe/Xe siècle, al-Andalus demeura une province de l'Islam assez mai connue du monde oriental. A partir de la restauration du califat marwânide, à Cordoue, la documentation géographique sur al-Andalus se précise, tout en apparaissant encore fort peu élaborée. Les développements que lui consacre al-Istakhrï (m. 322/934) concernent l'agriculture et le commerce et décrivent quatorze itinéraires à l'intérieur de la Péninsule. Son contemporain Ibn Hawkal a l'avantage d'avoir visité lui-même l'Espagne et d'avoir mis à jour sa documentation en interrogeant des informateurs de passage; mais le tableau fourni d'al-Andalus, sous la plume de cet écrivain pro-fâtimide, est trop souvent partial; c'est en tout cas la première description rationnelle, à la fois nourrie et cohérente, du royaume cordouan qui soit parvenue jusqu'à nous. Non moins dignes d'attention sont les informations fournies par le palestinien al - Muqaddasî (fin du Xe siècle) qui, bien qu'il n'ait pas visité lui-même la Péninsule, apporte d'importantes précisions, qui semblent avoir été puisées à bonne source, notamment sur l'activité intellectuelle, la langue, la métrologie et le commerce du pays.

 

A partir du califat et aux siècles suivants, toutes les descriptions d'al-Andalus, composées surtout en Occident, vont être tributaires de celle que le célèbre chroniqueur cordouan d'origine orientale Ahmad al-Râzî (mort en 344/955) plaça en tête de sa grande histoire d'al-Andalus aujourd'hui perdue et qui fut utilisée sous forme de citations, en général anonymes, en particulier par le compilateur Yâqût dans son Mudjam al-buldân. La «description» d'al-Râzî, qu'on ne connaissait qu'à travers une adaptation en castillan, publiée en 1852 par P. de Gayangos et provenant d'une version portugaise exécutée vers le début du XIVe siècle sur l'ordre du roi Denis de Portugal (1279-1325), a fait récemment l'objet, de la part de l'auteur du présent article, d'un essai de reconstitution de l'original arabe et d'une traduction en français (dans And., XVIII (1953), 51-108).

 

La démonstration est désormais faite que le schéma, dans l'ensemble fort squelettique, fourni par la «Description» d'Ahmad al-Râzî, a servi de cadre à la plupart des descriptions postérieures, parmi lesquelles il convient d'accorder la première place à celle de l'Andalou Abu 'Ubayd al-Bakrî (m. 187/1094), malheureusement non retrouvée, mais susceptible d'être reconstituée dans sa plus grande partie grâce aux notices sur al-Andalus qui figurent dans le K. al-Rawd al-mi’târ du compilateur maghribin du VIIe/XIVe siècle Ibn cAbd al-Mun’im al-Himyarî, lequel a utilisé également les données descriptives offertes par al-Sharîf al-Idrîsî. Il faut ajouter à cette liste, outre les collections de ‘adjâ’ib relatifs à al-Andalus disséminées dans les œuvres d'al-Kazwînî et l'al-Dimashqî, les indications parfois fort étendues colligées par le maghribin al-Maqqarî (XVIIe siècle) dans le tome premier de son K. Nafh al-tîb.

 

2.     Géographie   physique   d'al-Andalus d’après  la   tradition   géographique   musulmane.

 

Al-Andalus   forme,   d'après   al-Râzî, extrémité du quatrième climat vers l'Occident est  un  pays  largement  arrosé  par d'abondants tours d'eau et de nombreuses sources d'eau douce, -es géographes, après cette constatation, versent en énéral dans le panégyrique et consacrent de longs Léveloppements à des laudes Hispaniae, qui rappel­ant plus ou moins la manière d'Isidore de Séville.

 

 Al-Andalus a la forme d'un triangle. Chacun des angles de ce triangle correspond à un lieu célèbre dans   la   tradition   légendaire   hispanique.   L'angle inférieur, au Sud-ouest, est celui sur lequel se dresse le temple de Cadiz, Sanam Qâdis ; le second angle est placé, à hauteur des îles Baléares, entre Narbonne et Bordeaux (sic) ; le troisième, au Nord ouest,   correspond à la Torre de Hercules, près de la Corogne.  Ces données sont d'ailleurs en partie illustrées par les cartes des routiers, Ibn Hawkal et al-Idrîsî. Al-Râzî a fort bien saisi l'une des caractéristiques de la structure physique de la Péninsule : il faut, à son avis, distinguer entre une Espagne occidentale  et  une   Espagne  orientale,  en tenant compte des différences qui marquent le régime des vents, la chute des pluies et le cours des fleuves. En Espagne occidentale, les fleuves descendent vers l'Atlantique et les pluies sont amenées par les vents d'Ouest.   Un   phénomène   contraire   commande   le régime des vents (vents d'Est) et le cours de ses fleuves vers l'Est en Espagne orientale.

 

D'autres points de repères sont souvent donnés pour marquer certains des points du «triangle» formé par al-Andalus : le cap Saint- Vincent, à l'extrémité Sud-ouest du Portugal, en arabe l'«Eglise du Corbeau» (Kanîsat al-ghurâb); le Temple de Vénus, à l'extrémité opposée, Haykal al-Zahra (Porl-Vendres).

 

Pour pénétrer daris al-Andalus en venant de l'Europe continentale (la Gaule (Ghâlîsh) ou la «Grande Terre» (al-ard al-kabîra), il faut traverser, en franchissant l'un ou l'autre des cols pyrénéens (abwâb) ou «ports» (burtât), la chaîne des Pyrénées pour aboutir au territoire des Vascons (al-Bashkûnish) ou à celui des Francs (al-Ifrandj). De là, on peut gagner soit le rivage de l'Océan, dit «Mer des Ténèbres» (bahr al-zulumât) ou «Mer Verte» (al-bahr al-akhdar) ou «mer Environnante» (al-bahr al-muhît). C'est dans cette mer périlleuse que quelques marins audacieux se livraient à du cabotage, depuis le pays des Noirs et les Canaries, les «Iles Fortunées» (al-Khâlidât), jusqu'aux confins de la Grande-Bretagne (Britâniya). Quant à la Méditerranée, c'est la «Grande Mer» (al-bahr al-kabir), ou la «Mer Moyenne» (al-bahr al-mutawassit), ou encore la «Mer Tyrrhénienne» (bahr Tîrân).

 

De l'avis d'al-Râzî, il n'y a en Espagne que trois chaînes de montagnes, qui traversent la Péninsule d'une mer à l'autre, sans qu'aucune d'elles ne soit franchie elle-même par un cours d'eau. La première de ces chaînes est la Sierra Morena, dite Monts de Cordoue (Djîbâl Qurtuba)t qui se dresse à partir de la côte levantine de la Méditerranée pour aller se terminer en Algarve, dans l'Océan. La seconde est la chaîne pyrénéenne, entre Narbonne et la Galice. La troisième coupe l'Espagne en biais, depuis Tortosa jusqu'à Lisbonne. Elle correspond à la chaîne transversale dite al-Shârrât, suivant al-Idrîsî. Toutefois, le géographe ne peut se dispenser de mentionner en plus la Sierra Nevada (Djabal Shulayr, «Mons Solarius») et la Serrania de Malaga (Djabal Rayyo) qui se prolonge jusqu'à Algeciras.

 

Le principal fleuve d'al-Andalus est le «grand fleuve» (al-wâdî l-kabîr), Guadalquivir, ou al-nahr al-a’zam, ou encore nahr Qurtuba, «fleuve de Cordoue ». On l'appelle parfois aussi de son nom antique nahr Bîtî («Baetis»). La longueur de son cours est de 310 milles. C'est le fleuve de la Bétique, la partie la plus riche de la Péninsule, qui arrose Cordoue et Séville. Ses principaux affluents sont le Genil (Wâdî Sindîl ouShanîl), qui passe à Grenade, à Loja et à Ecija; le Guadajoz (Wâdî Shûsh), le Guadalimar (al-wâdî l-ahmar), ainsi nommé à cause de la couleur rougeâtre de ses eaux, le Guadalbuliôn (Wâdî Bullûn).

Le Guadiana (Wâdî Anâ) a une longueur totale de 320 milles et prend sa source non loin de celle du Guadalquivir. Il disparaît sous terre sur une partie de son cours pour reparaître ensuite sur le territoire de Calatrava. Il se jette dans l'Atlantique, à Ocsonoba.

Le Tage (Wâdî Tâdjû) prend sa source dans les monts de Tolède et, après un cours de 580 milles, se jette dans l'Atlantique à Lisbonne.

Plus loin est encore le Duero (Wâdî Duwayro), qui a un cours de 780 milles, reçoit de nombreux affluents et se jette dans l'Atlantique à Porto (Burtukâl). 

                               

Un autre fleuve important, également tributaire de l'Atlantique, est le Mino (ou port. Minho), nahr Mînyo> qui traverse la Galice d'pst en Ouest sur un cours de 300 milles.

 

Parmi les fleuves qui descendent vers la Méditerranée, al-Râzî ne mentionne que le Segura (Wâdî  Shakûra), qui se forme non loin des sources du Guadalquivir et l'Ebre (rio Ebro = Wâdî Ibro), qui prend sa source à Fontibre, dans la haute Castille et finit par se jeter dans la mer, non loin de Tortosa, après un cours de 204 milles. L'Ebre reçoit de nombreux affluents, dont le rio Gallego (nahr Djilliq), qui descend des montagnes de Cerdagne (Qjibâl al-Sîrtâniyyîn).

 

3.     Toponymie urbaine et divisions territoriales d'al-Andalus

 

Al-Andalus se signale, à toutes les époques de son histoire musulmane, par la multiplicité de ses centres urbains, qui fait contraste avec la pauvreté relative de l'Afrique du Nord en ensembles de population de pareille im­portance. Presque toutes les villes de l'Espagne romaine ont survécu à l'invasion arabe et continué à prospérer. Par contre, les fondations de villes nouvelles par les conquérants ont été extrêmement rares et presque toujours conditionnées par des avantages stratégiques ou la création de bases maritimes destinées à neutraliser les velléités offensives des Fâtimides en Méditerranée occidentale. Tels sont les cas de Murcie (Mursiya) qui supplante l'ancienne ville d'Ello, ou d'Almeria (a/-Mariyya), d'abord simple observatoire mari­time avant d'être organisée au Xe siècle en arsenal et port de guerre. La plupart du temps, les anciens toponymes latins ont survécu à peu près tels quels : Corduba/Qurtuba, Hispali/Ishbiliya, Caesaraugusta/Saraqusta, Valentia/Balansiya, ou bien ont pris une forme diminutive Toletum, Toledo passant à Toletula/ Tulaytula. A l'origine de certains toponymes d'allure historique sont des calembours, Ocili devenant Madînat Sâlim/Medinaceli, ce qui engage à supposer l'existence mythique d'un pseudo-fondateur nommé Sâlim. Les villes pourvues d'un nom arabe descriptif étaient l'exception : l'«Ile Verte» al-Djazîra al-khadrâ (Algeciras). Certaines localités portaient le nom de la tribu arabe ou berbère qui les avait peuplées après la conquête : Baliy (Poley), Ghâfik au Nord de Cordoue, Miknâsa (Mequinenza) en Aragon. Dans le Levante, témoin d'une arabisation plus profonde, beaucoup de lieux dits étaient des noms de «stations» assorties d'un prénom arabe : tels Manzil ‘Atâ’ (Mislata) et Manzil Nasr (Masanasa), dans la banlieue de Valence. Beaucoup de toponymes de la région valencienne sont composés comme des noms de tribus, en Béni et le nom de l'ancêtre éponyme

 

Quand Ahmad al-Râzî rédige sa description d'al-Andalus, l'Espagne musulmane est déjà séparée de l'Espagne chrétienne par une ligne de confins, sorte de no man's land, flanquée sur son pourtour par trois Marches, (thughûr) : al-a’lâ, al-awsat, al-adnâ. Déjà maintes régions de la Péninsule, depuis long­temps évacuées sous la pression des premières manifestations de la Reconquista, ont échappé définitivement à al-Andalus, la Marche Hispanique à l'Est, le pays basque au centre, la côte cantabrique à l'Ouest. La célèbre expédition menée contre Saint Jacques de Compostelle (Shant Yâqub) par le cAmiride al-Mansûr ne sera qu'un raid spectaculaire, mais sans lendemain. Il y a donc sous le califat une portion de l'Espagne définitivement perdue pour l'Islam et que celui-ci ne songe nullement à récupérer. Mais l'organisation provinciale d'al-Andalus demeure inchangée.

 

Cette organisation date déjà du VIIIe siècle, et est ainsi antérieure à la restauration marwânide. Elle a pour base la circonscription provinciale (kûra), pourvue d'un chef-lieu, d'un gouverneur et d'une garnison. Les listes de kûras à l'époque califienne sont assez variables; al-Muqaddasî en fournit une, incomplète, de 18 noms seulement. Yâqût en dénombre au total 41, chiffre qui se rapproche de celui d’al-Râzî, qui en décrit successivement 37. Plus tard, al-Idrîsî présentera une division, non en kûras, mais en «climats» (iqlîm), dépourvue valeur administrative et présentant maintes dénominations qui   doivent être résolument rejetées comme apocryphes.

 

En utilisant les données d'al-Râzî, qui suit un ordre concentrique autour de la capitale, et d'al Bakrî, on peut assez aisément déterminer la physionomie de chacune des principales kûras de l'organisation provinciale califienne. Chacune portait d'ailleurs en général le nom de son chef-lieu, sauf quelques exceptions signalées plus loin : la kûra la plus importante était celle de Cordoue, limitée au Nord par celle du Fahs al-ballût (Llano de los Pedroches, «plateau des chênes à glands»), dont le chef-lieu était Ghâfik (sans doute l'actuelle Belalc?zar : cf. F. Hernandez, dans And., IX, 1944, 71-109), De l'autre côté de la plaine fluviale cordouane (a/-Qanbâniya, aujourd’hui. la Campina), au Sud du Guadalquivir, s'étendaient les kûras peu étendues de Cabra (Qabra) et d'Ecija (Istidjdja). Plus à l'Ouest, c'étaient les riches circonscriptions de Carmona (Qarmûna), de Séville (Ishbîliya) et de Niebla (Labla). A l'Algarve (Gharb al-Andalus), c'est-à-dire à la bordure méridionale du Portugal actuel sur l'Atlantique, correspondait la kûra d'Ocsonoba (Ukhshûnuba), avec Silves (Shilb) pour chef-lieu. Cette dernière circonscription était limitrophe au Nord de celle de Beja (Bâdia). La partie la plus méridionale d'al-Andalus se partageait elle-même en quatre kûras : celle de Morôn (Mawrûr), de Sidona (Shadhûna), chef-lieu Calsena (Qalskâna), d'Algeciras et de Tacoronna (Tâkurunnâ), dont le chef-lieu était Ronda (Runda). Plus à l'Est, la kûra de Malaga (Mâlaka), qui portait le nom de Rayyo, avait eu pour premier chef-lieu la ville d'Archidona (Urdjudhûna) ; elle était contiguë à la kûra d'Elvira (Ilbîra, ant. Iliberris), à peu de distance à l'Ouest de l'actu­elle Grenade (Gharnâta). La kûra d'Elvira touchait à celles de Jaén (Djayyân) et de Pechina (Badjdjâna), dont le chef-lieu fut transféré à Almeria sous al-Hakam II.

 

Quant à la façade du Levante (Shark al-Andalus), sur la Méditerranée, elle se partageait du Sud au Nord en trois grandes kûras : celle de TudmIr, l'ancienne principauté du prince goth Théodemir, avec Murcie pour chef-lieu, celle de Jâtiva (Shâtiba) et celle de Valence (Balansiya), qui arrivait jusqu' aux confins du delta de l'Ebre. Dans l'intérieur, de l'autre côté de la Sierra Morena, une kûra englobait la région de Tolède, prolongée vers l'Est par celle de Santaver (Shantabariyya), avec Uclés (Uklidi) pour chef-lieu. Il est probable que, sous le califat, les îles Baléares (al-Djazâ^ir al-sharkiyya) formaient une circonscription provinciale à part. De même, dans la partie occidentale d'al-Andalus, les régions récemment pacifiées de Mérida (Mârida), Badajoz (Batalyaws), Santarem (Shantarîn), Lisbonne (al-Ushbûna) et peut-être Coïmbre (Qulumriyya).

 

Neuf de ces kûras, dites mudjannada, jouissaient encore sous le califat d'un statut spécial, parce que leurs territoires avaient été concédés en fiefs en 125/742 par le gouverneur Abu l-Khattâr al-Kalbî aux djunds syriens amenés en Espagne par le général Baldj b. Bishr: c'étaient les circonscriptions d'Elvira, fief du djund de Damas; de Rayyo, fief du djund d'al-Urdunn; de Sidona, fief du djund de Filastln; de Niebla et Séville, fief du djund de Hims ; de Jaén, fief du djund de Qinnasrîn ; de Beja et d'Ocsonoba, ainsi que de Murcie, fief du djund d'Egypte.

Un certain nombre de districts excentriques sont mentionnées par al-Razî dans le territoire de la Marche superieure : tels celui de Tarragone (Tarrâqûna), contigu à celui de Lerida (Lârida), celui de Barbitâniya (Boltana), celui de Huesca (Washqa), celui de Tudèle (Tulîla), avec les villes fortes de Tarazona (Tarasûna), d’Arnedo (Arnît), de Calahorra (Qalahurra) et de Najera (Nadjira).

 

IV. POPULATION D’AL-ANDALUS

 




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